L'Europe est née en 496 lorsque le chef franc Clovis et 4000 de ses guerriers se sont fait baptiser à Reims par l'évêque Rémi. La célébration du 1500ème anniversaire de cet événement capital de notre histoire, en 1996, n'a pas eu lieu pour cause de refus de nos élites laïcardes. Par contre, on n'avait pas lésiné pour la mascarade grotesque du bicentenaire de 1789!
En 496, des hordes barbares ravageaient l'Europe, mettant en pièces ce qui restait de l'empire romain. Certains étaient païens, vénérant le panthéon germanique traditionnel, mais la plupart étaient chrétiens ariens. L'arianisme, doctrine chrétienne professée par Arius, prêtre d'Alexandrie, avait été condamné comme hérétique par le concile de Nicée en 325. Mais ce sont des disciples d'Arius qui étaient allés convertir les barbares qui vivaient au-delà de la Mer Noire, et ce sont, entre autres, ces mêmes peuples (Goths, Vandales, Burgondes, etc.), superficiellement évangélisés et totalement illettrés, qui allaient quelques décennies plus tard envahir l'Espagne, le sud de la France et l'Italie (sac de Rome par Alaric en 410).
A cette époque, le seul vestige de l'Empire romain qui tenait encore à peu près debout était l'Eglise catholique. Ses monastères avaient essaimé dans une grande partie de l'Europe et son administration, calquée sur celle de l'Empire Romain, maintenait un immense réseau. Les monastères s'efforçaient d'entretenir leurs bibliothèques où était réuni l'essentiel des œuvres littéraires et scientifiques de l'antiquité gréco-romaine, et les moines et clercs de l'Eglise étaient à peu près les seuls lettrés qui restaient en cette époque de grande anarchie.
Les barbares païens ou ariens (ces derniers reprochaient aux catholiques d'avoir condamné leur "prophète") n'avaient aucun égard pour l'Eglise et brûlaient allègrement tout ce qui la représentait. Les moines durent souvent se réfugier au fin fond des forêts, emportant avec eux ou cachant ce qu'ils avaient pu sauver de leurs abbayes en flammes; notamment leurs plus précieux livres.
Telle était la situation lorsque Clovis, influencé, dit-on, par son épouse Burgonde (et pourtant catholique) Clotilde, amie de Sainte Geneviève et de l'évêque Rémi, accepta de se faire baptiser. Les conséquences pour l'avenir de l'Europe furent immenses. En effet, étant en quelque sorte, par ce baptême, passé dans leur camp, Clovis reçut le soutien des populations autochtones. Il battit les Wisigoths et put agrandir considérablement son territoire. Et surtout il apporta son soutien à l'Eglise, ce qui permit aux moines de récupérer (ou reconstruire) leurs monastères et de continuer à conserver et entretenir dans des conditions plus sereines l'héritage littéraire et scientifique de l'antiquité.
Tout n'était pas rose pour autant. La brutalité des mœurs, les guerres incessantes et les famines rendaient la vie extrêmement précaire. L'Eglise continuait tant bien que mal à tisser son fragile réseau de civilisation au milieu d'un analphabétisme généralisé. Les seuls témoignages écrits de cette sombre époque mérovingienne, nous les devons aux moines et aux clercs catholiques. De plus, le célibat des prêtres obligeant l'Eglise à un recrutement extérieur (contrairement à d'autres religions où la caste sacerdotale est héréditaire), celle-ci commença à ouvrir les premières écoles, surtout à l'abri des murs des monastères, pour y sélectionner ses futurs cadres. Et c'est encore sur ces hommes d'église que Charlemagne s'appuya pour former le personnel administratif nécessaire à son vaste empire.
Au moyen age, dans toute l'Europe, la prospérité revenant peu à peu, les écoles commencèrent à se multiplier autour des monastères, des églises et des cathédrales. C'est-à-dire autour de la seule institution capable alors de dispenser un enseignement de qualité. Les universités apparurent: Paris, Oxford, Salamanque, Cracovie, Salerne, Montpellier, Cambridge, Upsala, etc., etc…, sans lesquelles la civilisation européenne (et donc occidentale) n'aurait jamais été ce qu'elle est.
La conscience européenne allait aussi se forger contre les forces extérieures qui cherchaient à la détruire ou à se l'annexer. La défense du christianisme allait coaliser au VIIIème siècle les princes Francs contre l'envahisseur musulman venu d'Afrique du nord (victoire de Poitiers, 732) et allait le repousser au-delà des Pyrénées. Plus tard, à partir de 1095 (concile de Clermont et appel d'Urbain II), les menaces qui pesaient sur les chrétiens de Palestine, gardiens du Saint-Sépulcre, ont mobilisé l'Europe entière dans les croisades. Pensées comme des guerres saintes, elles était aussi et surtout une sorte de contre attaque menée au cœur de l'"empire" musulman qui tenait encore une bonne partie de l'Espagne et menaçait Constantinople. Plus tard encore, l'Europe (à l'exception notable de la France de François Ier) allait contenir la poussée de l'Empire Turc (victoire navale de Lépante en 1571 et sièges de Vienne par les Turcs en 1529 et 1683).
Oui, on peut donner cette définition de l'Europe: un îlot de chrétienté, au bout du continent eurasiatique, qui a su pendant près de 13 siècles résister à l'invasion musulmane et qui a pu, grâce à cela, développer la plus grande civilisation de tous les temps. Une histoire glorieuse et exemplaire que des félons s'acharnent aujourd'hui à anéantir en ouvrant toutes grandes les portes à la Turquie et à une immigration musulmane africaine massive.
L'Europe n'est ce qu'elle est que parce qu'elle est chrétienne. Elle s'est mûrie et aguerrie dans sa lutte presque incessante contre l'Islam conquérant qui la cernait. Elle n'a jamais eu autant conscience d'elle-même et de ce qu'elle avait à défendre que dans sa confrontation à la menace musulmane.
Mais supposons que le baptême de Clovis n'ait pas eu lieu. Les royaumes barbares, profondément divisés politiquement ET SPIRITUELLEMENT, n'auraient probablement pas mieux résisté à l'invasion musulmane que les Grecs d'Egypte ou de Syrie et tous les autres peuples, de l'Espagne aux confins de la Chine, qui ont été submergés par cette déferlante. L'Europe serait probablement musulmane aujourd'hui et les négationnistes du baptême de Reims seraient aujourd'hui, comme tant d'autres, en train de gratouiller la terre pour enrichir leur calife ou l'émir du coin.
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